vendredi 22 février 2013

Les Mondes de Ralph


Wreck It Ralph, ou plutôt, Les mondes de Ralph de par nos françaises contrées, est un film sortie voici quelques temps dont le sujet est le jeu vidéo. Je ne m'étendrais guère sur ce film d'animation signé Disney, tout à fait sympathique par ailleurs (Ca ne casse pas trois ventouses à un tentacule mauve, mais ça fait passer agréablement un peu de temps) qui nous invite à suivre les aventures de Ralph, méchant de jeu vidéo qui décide qu'il en a assez de ce sale rôle et, partant se trouver une médaille pour prouver que si, il peut en gagner une comme un gentils, va fiche dans la panade trois jeux vidéos... Rassurez-vous, le gentils méchant finit par s'accepter, se faire des potes, le méchant très méchant se fait poutrer et la morale "accepte-toi comme tu es" sera bien transmise aux enfants qui regarde.
Evidement, tout y est pour ça. Ralph est un gros baraqué à l'air vaguement béta et impulsif, mais au fond pas franchement méchant, son "ennemi" Felix est un erzatz de héros de jeu de plateforme serviable et un rien coincé, et on nous colle un second rôle haut comme trois pomme sous la forme d'une gamine buggée, sans compter la grand blonde femme forte avec de gros flingues. Des archetypes de partout, mais après tout, si ça fonctionne...

Au passage, mesdemoiselles, voici ce qu'on nous vend comme archétype de la fille joueuse...

Le film n'est pas tant ce qui m'intéresse que ce autour de quoi il s'est construit. Car, après tout, le jeu vidéo, c'est aussi notre domaine, et on tente clairement d'attirer, en plus du bambin baveux, le jeune adulte qui baigne dans le jeu depuis ses premiers pas.
Je ne parle ici pas seulement des multiples références disséminées dans le film. Que ce soit dans les noms (le jeu Hero's Duty n'est jamais qu'un Call of Duty futuriste à peine maquillé qui lorgne du coté de Resistance), les pastiches (Wreck it Ralph / Fix It Felix ne sont jamais qu'une parodie de Donkey Kong / Mario) ou les nombreuses apparitions de guest star ici et là (Arthur de Goul'n'Ghost, Pac Man, Frogger du jeu éponyme...), tout est fait pour appâter le geek nostalgique, qui va espérer y trouver un film qui lui parlera, à lui, l'Homo Consolus.

Rien qu'ici, entre Robotnic/Eggman, Bowser, Bison, les mecs de Mortal Kombat (dans un film pour gamin, si, si !), le fantôme de Pac Man...

Mais ce qui m'intéresse ici n'est même pas celà. C'est plutôt l'image du jeu vidéos qui est véhiculé. Car finalement, qu'est-ce que tente de vendre de ce loisir ce film ? Ou se déroule l'action ? Qui sont ces personnages ?
Le film prend place dans un ensemble de jeux de bornes d'arcades situés dans une bonne vieille salle de jeu... Ce genre de salle qui, encore courante il n'y a même pas quinze ans (et dans lesquelles j'ai grillés mes précieuses économies de longues heures durant) et qui aujourd'hui sont devenue aussi rares que la générosité dans le coeur des actionnaires de Games Workshop.
Car si le film nous vend en gros trois types de jeu, qui sont la bonne plate-forme à l'ancienne (Fix'It Felix n'est jamais qu'un Donkey Kong à peine maquillé), le jeu de shoot moderne ( Hero's Duty semble se dérouler en longs couloirs bien nazes, tout à fait dans la veine du jeu moderne) et la course funky héritée de Mario Kart (avec Sugar Rush, le jeu qui colle du diabète rien qu'à le voir), il nous vend aussi une certaine image nostalgique du jeu, à dépendre une salle d'arcade dirigée par un petit vieux à l'aspect bien sympathique fréquentés par tout un tas de gamins bien caricaturaux et vieux geek poilus qui ne le sont pas moins.

Et pour les rigolards face à la joueuse présentée plus haut, vous avez du bol que je n'arrive pas à remettre la main sur l'image du joueur qu'ils nous ont collé.

Non mais sérieux, vous en voyez encore beaucoup, de jeu avec cette tronche là ?


Bref, la nostalgie, on en prend dans les dents à fond les ballons. Qui imaginerait un seul instant qu'un jeu 2D tiendrait aussi longtemps dans une salle de jeu ? Encore faudrait-il qu'il en reste, de ces salles !
Mais quelque part, l'image type du jeu, c'est ça. Un tas de gamins et de gros nerd baveux entassés dans une salle devant des bornes qui leur pompent leur argent en émettant des bruits marrants sous une lumière colorée.
Et surtout, le jeu, c'est avant tout la 2D. Le grand ancêtre. Quand on demande à quelqu'un de représenter un jeu, son imaginaire va forcément passer par cette étape qui consiste à se représenter la chose comme de la 2D vaguement pixelisée. Forcément ! Nous avons grandis avec ces jeux, et s'ils sont devenus très différents aujourd'hui de ce qu'ils étaient avant, cette image ne disparait pas aussi facilement.

Ralph le gros béta sympa, Vaneloppe la peste faite pour attirer la gamine, Sergent Tamora, la boobs action woman et Felix, le.. heu... héros.

Je suis toujours très amusé de constater que cette image nostalgique du jeu (arcade + 2D) parle toujours aussi fortement au public, et même (voir surtout) à un public jeune qui a pourtant connut la 3D dès son entrée dans le divertissement vidéoludique.
Dans le fond, je trouve cela assez rafraichissant. Il faut cependant bien reconnaitre que beaucoup de bons jeux nous viennent de là et qu'il n'est pas bien difficile de coller nos jeunes gavés de 3D devant un "vieux machin" de qualité - les en décoller demande clairement plus d'effort, par contre.

Cette image positive du vieux jeu (renforcée nettement ces dernières années par la folie du "old school") va quelque peu à l'encontre des éternelles griefs prononcée par les soit disant "hardcore gamer"face aux productions récentes, et face à ceux qui prennent plaisir à les pratiquer. Un joueur "récent" n'en est pas moins séduit par la qualité d'un jeu ancien, et ce n'est pas parce que Call of Duty et autres jeu du même tonneau font un tabac que c'est forcément un problème de génération...
Après tout, les jeux de football se sont toujours vendu par millier quelque soit l'époque, ça n'en reste pas moins des jeux dont l'intérêt est, disons, très limités.

Au passage, un jeu de course mignon tout plein destiné aux fillettes mais auquel joue plutôt des geek qui ne s'assument pas, ça me fait vaguement penser à quelque chose... Oh ! Un petit poney !

Bref...
Tout ça pour dire qu'il est toujours intéressant de voir quel regard peut être porté sur le jeu vidéo. Ces dernières années, on s'éloignent mine de rien pas mal de cette image diabolique véhiculée par les médias (Bon, faut pas rêver, les joueurs restent les premiers fournisseurs de tueurs psychotiques selon TF1) héritée de celle que les rôlistes se trainaient (Une espèce sans doute disparue selon la télévision qui n'en parle plus...) pour s'aventurer sur un terrain plus nostalgique, pavé de "c'était vachement mieux avant".

Comme pour les films, la BD et la littérature, en somme.

Bon, après, je suis toujours bon public face à une gamine insupportable capable de se téléporter, hein...

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