Ainsi, il existe une guerre latente
entre les joueurs de jeux de plateaux (qui ne sont jamais que nos
classiques jeux de sociétés) et les amateurs de wargamme (ce qui
n’est jamais qu’une extension des jeux de petits soldats de notre
enfance) comme si un loisir valait mieux que l’autre. Bien sur,
chaque camp prétend que SON loisir est le plus riche, le plus
intelligent et le plus digne d’être mis en lumière.
Et pour un jeu comme Battle of Westeros, on fait quoi ? Les deux camps lapident le joueur ?
Au sein même des camps, des factions
sont visibles. Ainsi, le joueur de figurines qui n’adhère pas à
la partie modélisme de son loisir est vu avec dédain par les
joueurs « complet » et à peine mieux considéré qu’un
vulgaire joueur de jeux de plateaux. Ainsi, le peintre qui ne joue
pas est admiré (ou non) pour ses talents au pinceau mais considéré
avec un rien de pitié et énormément sollicité pour enfin « rendre
son loisir complet ». Et cela sans compter, bien sur, les
rivalités entre les différents types de jeux, et même les marques
elle-même.
« Ouais, Eden, c’pas mal mais
ça ne vaut pas Mordheim. »
« Franchement, c’est surtout
les noobs qui joue à Warhammer, après, ils arrêtent ou passent à
un vrai jeu. »
« Au moins, à BloodBawl, les
joueurs sont motivés, ce sont des purs. »
« Pff, Bushido, c’est pas mal
sculpté, mais ça sera mort dans l’année. »
J’en passe et des meilleurs.
Il y a quand même une « critique »
que l’on voit souvent revenir : « ça fait trop jouet »,
« on dirait un jouet ». Souvent, l’amateur de jeux de
figurines à une haute opinion de son loisir, quelle qu’en soit la
raison. Il aime sa passion profondément, il éprouve un certain
complexe à pousser du plomb… Que sais-je. En tout cas, il dénigre
le monde du jouet. Son loisir est sérieux, il n’est pas un enfant
poussant des petits soldats, il est un général menant son ost sur
le champ de bataille !
Feu AT-43 a d’ailleurs essuyé
nombres de critiques sur cette mode, à cause de son pré-peint.
Horreur ! Une armée déjà peinte ! Mieux vaut encore du
soldat couleur plastique mal collé qu’une abomination telle que
celle-ci ! Déjà peint ? Mais c’est un jouet !
Ceci est donc un jouet. Ah. Bon.
Tout cela… Pour dire que le milieu du
jouet et celui de la figurine ont quelques frictions qui semblent
irrécupérables.
Pourtant, le lien peut aisément se
faire. La figurine n’est guère éloignée du traditionnel set de
figurines de soldats en plastiques. Un modèle d’un loisir peut
facilement passer sur l’autre… Combien de créateurs de décors
utilisent des voitures prises en magasin de jouet ? Combien ont
utilisé pour faire un bâtiment, une route, un modèle récupéré
des jouets de leur enfance ? Et a contrario, combien de gamins
pour piquer les figurines de leurs parents et faire semblant de
combattre avec ?
Certains jouets se rapprochent plus de
notre loisir que d’autre. Deux marques phares émergent du lot,
deux marques très prisées, par ailleurs, du public français :
Playmobile et Lego.
Playmobile, bien sur, pour son aspect
« poupée pour garçon », avec ses nombreux accessoires
et ses figurines de toute les époques. Ce n’est pas pour rien que
ce célèbre jouet à inspiré les concepteurs de règles amateurs,
qui sont nombreux à proposer des systèmes maison pour utiliser
figurines et décors de la marque européenne. L’extrême
modularité des modèles aide grandement à se constituer de –
superbes – armées très variées.
Mon Dieu ! Un jouet !
Lego, quand à lui, se démarque par la
facilité de construction des décors et atmosphères propre au jeu.
La chose est simple : on peut tout construire, ou presque, avec
la petite brique danoise. Les amateurs de Lego proposent
régulièrement de superbes dioramas qui, en un sens, n’ont guère
à envier aux productions de peintres sur figurines ou concepteurs de
décors reconnus. Certes l’aspect peinture est inexistant (et cela
peut vite être un désavantage) mais l’imagination déployée pour
utiliser les briques, détourner certaines pièces et renouveler les
techniques de construction force l’admiration.
Si Lego attire moins les concepteurs de
règles, on notera quelques exemples plaisant dont le sympathique
Strike Frame Zero, proposant des affrontements de méchas aux
couleurs variées. Les règles – en anglais et totalement gratuites
– proposent même des instructions de montage afin de recréer les
différents robots utilisés dans le jeu.
Je trouve ça extrêmement chouette, pour ma part.
Bref, les liens entre jeux et jouets
sont plus étroits que les amateurs de ces loisirs ne veulent bien le
reconnaitre. C’est pourtant une excellente chose, propre à
stimuler la créativité indispensable à notre loisir. Il serait
grand temps que certains s’en rendent compte.
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